Jiten Asem, Coordinateur général au Myanmar

© Anaïs Oudart

Le coup d'État militaire de février 2021 a plongé le Myanmar dans une crise sans précédent, à la fois politique, économique, sociale, sanitaire et humanitaire.
Coordinateur général dans la pays depuis janvier 2023, Jiten Asem lutte pour maintenir et améliorer les missions de prévention et d'accompagnement auprès des travailleurs et travailleuses du sexe et des personnes usagères de drogues. Des activités menacées par l'insécurité, les restrictions de déplacements et un étroit contrôle politique.

Pour des raisons sécuritaires, nous sommes parfois contraints de suspendre certaines activités dans les zones les plus touchées par les conflits.

Jiten Asem

Coordinateur général au Myamar

Comment la crise a-t-elle évolué depuis 2021 ?

Le coup d’État puis les affrontements entre la junte militaire au pouvoir et les groupes de résistance armés ont entraîné le Myanmar dans un chaos qui ne cesse de s’aggraver. Actuellement, on estime que 70% de la population est touchée. Les autorités exercent une pression constante en coupant l’accès aux produits de première nécessité, aux déplacements, aux transferts de fonds, aux communications et à l’information. Au-delà des conséquences dramatiques sur l’accès à la santé, ces contraintes entravent également le travail des associations d’aide humanitaire.

 

Quelles sont les conséquences sur les activités ?

Nous sommes face à un défi majeur pour nous coordonner avec les équipes sur nos différents terrains, à Yangon ou dans l’État du Kachin. Concrètement, nos déplacements sont limités par les points de contrôle, les comptes bancaires ont été suspendus et la communication coupée, ce qui nous oblige à passer par des canaux alternatifs. Pour des raisons sécuritaires, nous sommes parfois contraints de suspendre certaines activités dans les zones les plus touchées par les conflits.

 

Quelles nouvelles stratégies adopter aujourd’hui ?

La crise a fait émerger de nouvelles urgences en termes de soins de santé primaires. Nous souhaitons lancer des programmes d’accès aux soins dans des zones ciblées, à commencer par le Kachin. À partir de 2025, nous allons également intensifier nos programmes d’accès à la santé sexuelle et reproductive dans les régions de Yangon, Ayeyarwady, Mandalay et Bogo, auprès des travailleurs et travailleuses du sexe et des personnes vivant avec le VIH, que la crise a rendu encore plus vulnérables. S’adapter à ce contexte difficile et maintenir ces activités essentielles doit être notre priorité.