Médecins du Monde alerte sur la situation au Myanmar (Birmanie)
Depuis le 1er février, le Myanmar a sombré dans une profonde crise politique, entraînant un effondrement dramatique de tous les services, y compris l’accès aux services de soins de santé et de première nécessité pour les personnes les plus vulnérables.
Le rejet catégorique du régime militaire par une forte majorité de la population a conduit l’usage disproportionné de la force, entraînant une escalade de la violence contre les civils. On dénombre près de 842 morts jusqu’au 3 juin, 5 609 personnes arrêtées, dont 4 468 sont toujours détenues, et 250 000 personnes déplacées depuis le coup d’Etat militaire.
« Médecins du Monde est extrêmement préoccupé par l’augmentation du nombre de barrières et d’entraves limitant l’accès aux services de santé, la majorité des établissements de santé publics restant fermés. »
Médecins du Monde a mis en place, depuis 1994 et sans interruption, des programmes en direction des groupes les plus marginalisés et vulnérables. Aujourd’hui, notre clinique de Yangon est fermée, à l’instar de ces deux derniers mois, car la sûreté et la sécurité de notre personnel et de nos patients, nos premières préoccupations, ne peuvent être assurées. Les services mis en place pour nos patients sont largement affectés, alors que le pays a déjà traversé près d’une année difficile en raison de la pandémie de Covid-19.
Aujourd’hui, la population n’a plus accès aux biens et services de première nécessité, tels que la nourriture, de l’argent liquide, et bien sûr l’accès aux soins de santé, ce qui créé une situation où la plupart des besoins de première nécessité ne sont plus satisfaits.
Les Birmans souffrent et souffriront pendant une période encore indéterminée d’un régime de terreur et de détentions abusives. Les acteurs humanitaires déjà présents dans le pays ont besoin d’accéder à la population, sans barrières ; il en va de la garantie et du respect des droits humains fondamentaux. Les populations doivent avoir un accès sans entrave aux services de santé primaires et aux organisations humanitaires déjà bien établies dans le pays.
En outre, MdM condamne fermement toutes les formes de violence contre les travailleurs de la santé, car elles mettent en danger la santé et bafouent les droits fondamentaux de la population du Myanmar. Selon le système de surveillance mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’après leur examen des trois mois qui ont suivi le coup d’Etat, 158 attaques contre des agents de santé ont été signalées, faisant 11 morts et 51 blessés, et plus de 100 médecins ont été arrêtés depuis le début du mois de février.
Nous exhortons le régime militaire à cesser toutes les actions violentes et répressives contre la population. Nous appelons également les membres de la communauté internationale à prendre ensemble et de manière coordonnée des mesures pour protéger le peuple du Myanmar. Avec le soutien des ONG internationales et les organisations locales de la société civile, l’aide humanitaire doit être augmentée : il faut préparer et anticiper les déplacements internes de la population civile et la crise de réfugiés, qui paraissent inévitables si la situation ne change pas.
Si rien n’est fait, les conditions de vie et l’accès aux services de santé au Myanmar continueront de se détériorer, conduisant à des violations généralisées et systématiques des droits humains fondamentaux ; nous serons alors confrontés à l’émergence d’une crise humanitaire insoutenable, particulièrement dans ce contexte de pandémie mondiale.
Nous soutenons les Birmans et appelons toutes les parties à protéger les populations civiles et leurs droits humains fondamentaux.