Expulsions de lieux de vie informels : la santé évincée !
Paris, le 5 décembre. Le 6e rapport annuel de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels a recensé 1 484 expulsions sur le territoire national, dont 876 pour le littoral nord – soit une augmentation de 34 % par rapport à l’année précédente. Pour la première fois, ce rapport met en lumière les graves conséquences de ces expulsions sur la santé.
Les expulsions sont toujours trop nombreuses et majoritairement mises en œuvre sans que les droits fondamentaux ne soient respectés. Elles se déroulent souvent dans des conditions violentes. Dans 94 % des cas, aucun diagnostic préalable n’est réalisé et dans 88 % des cas, elles ne donnent lieu à aucune solution d’hébergement ou de relogement*. Cela contraint les personnes à l’errance. Les expulsions sont trop souvent menées au mépris des normes et principes encadrant pourtant leur mise en œuvre**.
Alors que 68 % des expulsions sont faites hors du cadre légal, il est urgent d’en questionner les effets délétères sur les personnes concernées. Cette année, l’Observatoire s’attache à décrire, pour la première fois, les conséquences concrètes des expulsions sur les inégalités environnementales de santé***. Les expulsions participent à la détérioration de l’état de santé des habitant.es de lieux de vie informels, mettent à mal la continuité de leurs soins et les contraignent à s’installer dans des lieux de vie toujours plus dégradés et nocifs (les exposant à des pollutions, aux intempéries, à des zones accidentogènes, etc).
“[Depuis l’expulsion], je ne peux pas prendre de douches, ça fait un moment que je ne peux pas prendre mes médicaments, j’ai raté mes séances de kiné car j’ai la honte d’y aller dans cet état. Je dors à la rue, dans une voiture prêtée par quelqu’un, mon état empire. » Monsieur A., expulsé de son lieu de vie à Strasbourg, sans solution proposée
Ce 6e rapport démontre, à travers des exemples précis, l’(in)action publique face aux inégalités environnementales de santé, les répercussions sur les personnes concernées n’étant pas prises en compte :
“C’est pas la caravane qui nous met en mauvaise santé, c’est l’environnement autour qui nous met en mauvaise santé” José, participant à l’étude de Santé Publique France****
Au regard de ces constats, les associations de l’Observatoire appellent à une politique de relogement adaptée qui prend en compte les effets sur la santé des personnes et appellent à désamorcer le réflexe de l’expulsion immédiate pour viser des solutions d’hébergement et de logement pérennes et sécurisées pour les personnes.
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* Et ce, malgré l’existence de l’instruction gouvernementale du 25 janvier 2018, qui vise à donner « une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et bidonvilles » en privilégiant l’action publique (diagnostic social, concertation et mesures d’accompagnement, etc.) dès l’installation des personnes sur un site, et non plus en mettant uniquement l’accent sur le processus de l’expulsion. Une instruction peu suivie d’effet et qui s’intéresse essentiellement aux lieux de vie composés de citoyens de l’Union Européenne.
** C’est pourquoi la Charte pour le respect des droits et la dignité des habitant.es de lieux de vie informels existe.
*** On parle d’inégalités environnementales de santé lorsque les risques pour la santé liés à l’environnement sont répartis de manière disproportionnée entre les groupes sociaux, au détriment des groupes en situation de vulnérabilité.
**** **** Témoignage issu du film de restitution de l’enquête de Santé Publique France sur la santé des Gens du Voyage en Nouvelle-Aquitaine réalisée en partenariat avec la FNASAT (partenaire de l’Observatoire des expulsions).
À PROPOS DE L’OBSERVATOIRE DES EXPULSIONS :
Cet Observatoire recense les expulsions des habitant·es sans titre d’occupation qui ont lieu en France, quel que soit le type de lieu de vie (squats, bidonvilles, campements, véhicules roulants ou non, matelas posés au sol etc.), le public concerné ou l’existence ou non d’une procédure.
Il est composé de plusieurs associations : la Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, la Ligue des Droits de l’Homme, le Collectif national droits de l’homme Romeurope, la Plateforme des Soutiens aux Migrant·es, Human Rights Observers, la Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du Voyage (FNASAT) et l’Association Nationale des Gens du Voyage Citoyens (ANGVC).
CONTACTS PRESSE :
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