Déclaration conjointe des ONG internationales sur les incendies dans les camps Rohingya de Cox’s Bazar au Bangladesh
Nous exprimons notre solidarité avec les 10 000 familles de réfugiés Rohingyas touchées par de graves incendies dans les camps de Kutapalong, à Cox’s Bazar, au Bangladesh. Les organisations humanitaires et le gouvernement du Bangladesh travaillent ensemble sans relâche pour soutenir les sinistrés.
Le 22 mars dernier, le feu s’est déclenché dans un des camps de Cox’s Bazar et a fait des ravages dans 4 autres camps de la zone qui abritent plus d’un million de personnes.
Des volontaires Rohingyas se sont précipités sur les lieux pour apporter une première aide auprès des personnes touchées, travaillant 24 heures sur 24. Rapidement, les pompiers et les organisations humanitaires sont intervenus pour contenir l’incendie et assurer la sécurité des réfugiés.
Malgré ces efforts, les premiers rapports en provenance des camps indiquent qu’au moins 11 personnes ont été tuées. Avec des abris réduits en cendres et nulle part où se réinstaller, les femmes, les filles, les personnes handicapées, ainsi que les personnes âgées sont confrontés à de plus grandes menaces pour leur sécurité personnelle.
Nous sommes particulièrement horrifiés par les témoignages des réfugiés Rohingyas qui rapportent que les clôtures qui entourent les camps, les ont piégés et empêchés de se mettre en sécurité. Certains ont dû ouvrir un passage à travers les barbelés pour échapper aux flammes. S’échapper et se mettre en sécurité dans ces circonstances a été encore plus difficile, voire impossible, pour les personnes handicapées. Selon les réfugiés, les clôtures ont également causé des retards importants aux services de lutte contre les incendies pour accéder aux lieux. Ces retards ont aggravé les dommages causés aux maisons, aux centres d’apprentissage et aux installations sanitaires dont dépendent les réfugiés, notamment dans les camps où tout a été détruit.
Nous, organisations humanitaires, saluons la collaboration avec le gouvernement du Bangladesh, l’armée, la police et les pompiers dans leurs efforts pour éteindre les flammes et travailler avec les acteurs humanitaires afin d’aider les réfugiés sinistrés. Tout doit être mis en œuvre pour que cette catastrophe ne se répète pas. Bien qu’il soit de loin le plus dévastateur, l’incendie d’hier n’est pas le seul à avoir éclaté ces derniers mois. Il est urgent de prendre des mesures pour assurer la sécurité des réfugiés et l’accès humanitaire d’urgence afin de prévenir et atténuer d’autres tragédies à l’avenir.
Suite au drame de lundi, nous proposons les mesures suivantes qui sont à envisager en étroite coordination avec les Nations unies, les Etats bailleurs, le gouvernement du Bangladesh et les leaders de la communauté des réfugiés. En travaillant ensemble, le gouvernement et la communauté humanitaire réaffirment leur engagement à l’égard de la sécurité et du bien-être des réfugiés et des communautés d’accueil à Cox’s Bazar.
- Les abris, la nourriture, l’eau, la protection, la protection de l’enfance et le soutien psychosocial aux réfugiés doivent être renforcés au lendemain de l’incendie. La communauté internationale doit veiller à ce que la réponse soit financée de manière adéquate pour répondre aux besoins qui sont maintenant plus importants que jamais.
- Les clôtures sur les routes menant aux camps doivent être retirées, et les portes doivent être ouvertes et dotées de personnel pour en assurer un accès 24 heures sur 24, afin de garantir un passage sûr et l’accès aux équipes d’intervention en cas d’urgence.
- Les camps devraient être reconstruits de manière plus sûre en prévoyant plus d’espace entre les abris et en utilisant des matériaux ignifuges. Des cartes et des panneaux devraient indiquer clairement les itinéraires sûrs à l’intérieur du camps. Un tel plan doit être élaboré avec les réfugiés Rohingyas, les communautés d’accueil concernées et les acteurs humanitaires.
- Un plan d’évacuation complet est nécessaire. Il doit être écrit en collaboration avec les acteurs humanitaires concernés afin de garantir la sécurité des Rohingyas en cas de graves inondations, d’incendie, de cyclone ou de toute autre crise soudaine.
De nombreux réfugiés ont perdu tous leurs documents d’identité dans l’incendie. Le gouvernement du Bangladesh et la communauté humanitaire doivent veiller à ce que les réfugiés aient un accès continu et sans entrave aux services jusqu’à ce que les documents d’enregistrement puissent être remplacés.