L’Amérique centrale et le Mexique, qui font partie de la région méso-américaine, sont considérés comme le corridor ayant le plus fort flux permanent de personnes migrantes en transit au niveau mondial.
Le Mexique connaît une dynamique migratoire complexe, avec des flux d’émigration, d’immigration et de transit. Parmi les milliers de personnes qui migrent chaque année, de plus en plus de familles, de femmes et d’enfants qui fuient la pauvreté, la violence et l’insécurité liée au crime organisé et de certains agents des forces de l’ordre.
La situation de violence généralisée et d’impunité qui prévaut dans la région vient ajouter des mouvements internes de populations à cette crise migratoire transnationale, avec environ 400 000 mexicains actuellement déplacés de force.
Depuis le début de l’année 2023, le nombre de demandes d’asile au Mexique a considérablement augmenté, atteignant un record historique de 140.982 personnes, soit +23% comparé à l’année passée. A ce chiffre s’ajoute celui des personnes migrantes qui ne demandent pas l’asile. Ces personnes fuient les forces de l’ordre et sont victimes d’accidents, violences, extorsions, recrutements forcés, séparations familiales et obstacles bureaucratiques.
Les services dans les villes frontalières sont limités, et ceux qui existent sont débordés. Les refuges fonctionnent souvent bien au-delà de leur capacité et accueillent des personnes pendant plus d’un mois, alors qu’ils ont été conçus pour héberger des personnes pendant seulement trois jours. Le manque de services met en danger les femmes et les enfants déjà vulnérables.
Les enfants seraient exposés à des risques d’abus sexuels, de recrutement par des gangs et de violence. Les femmes sont quant à elles des cibles vulnérables pour les gangs criminels qui se livrent à la traite des êtres humains.
En outre, la violence continue de sévir au Mexique et en particulier dans les villes frontalières. L’année 2023 a été marquée par un afflux sans précédent du nombre de personnes migrantes ayant besoin de protection internationale au Mexique (et en Amérique Centrale) et une aggravation de la crise de l’accueil des réfugiés.
Alors que les politiques migratoires étaient déjà répressives dans cette région, le contrôle des frontières s’est encore durci. En 2019, les États-Unis ont exercé des pressions et obtenu la signature d’accords avec le Mexique, le Guatemala, le Salvador et le Honduras, visant à freiner la migration irrégulière. Ces dispositifs ont entraîné la fermeture des routes migratoires, l’augmentation des déportations et des détentions des demandeurs d’asile et la militarisation des frontières. Il en résulte une extrême vulnérabilité des personnes migrantes, sur leur route migratoire mais aussi lors de leur retour forcé.
La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est ainsi devenue en 2022 la route migratoire terrestre la plus meurtrière du monde et l’est restée en 2023.