Nigeria

La fermeture de huit camps pour personnes déplacées dans la ville de Maiduguri marque un changement dans la façon dont le gouvernement gère la crise des déplacements internes. L’objectif semble être d’encourager ces populations à retourner dans leurs villages d’origine ou à s’intégrer dans d’autres communautés. Plus de 150 000 personnes ont été déplacées des camps dans ce cadre.

Cependant, ce processus est compliqué par plusieurs défis majeurs. Beaucoup ne peuvent pas rentrer chez elles à cause de l’insécurité persistante, du manque de services essentiels comme l’eau et l’éducation, et de l’absence de moyens de subsistance. Ces obstacles montrent que la crise des déplacements dans l’État de Borno est très complexe, notamment en raison des problèmes liés à la sécurité, aux infrastructures et aux services sociaux.

La situation humanitaire au Nigéria se caractérise par des déplacements massifs en raison de la violence, des niveaux élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition, ainsi que par un système de santé affaibli.

Depuis le début du violent conflit, le nord-est du Nigéria a connu des déplacements de population sans précédent et des besoins humanitaires critiques, principalement dans l’État du Borno. En février 2023, plus de deux millions de personnes ont été déplacés dans six États du nord-est du Nigéria et deux autres millions de personnes ont été rapatriées dans les États BAY. En 2023, dans ces mêmes États, on estime à 2 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans risquant de souffrir de malnutrition aigüe.

Dans le Nord-Ouest du Nigéria, les conflits pour le contrôle des ressources naturelles entre éleveurs et agriculteurs ont causé environ 8 000 morts et plus de 70 000 réfugiés au Niger. L’État de Katsina compte plus de 250 000 déplacés internes, principalement fuyant les violences armées et les enlèvements. Faute de camps formels, ils vivent dans des bâtiments abandonnés ou des écoles, souvent dans des conditions précaires. Certains sont déplacés depuis plus de dix ans, révélant l’ampleur de la crise humanitaire dans cette région.

Selon le rapport humanitaire 2023, l’accès aux services de santé essentiels est gravement insuffisant, particulièrement pour les plus vulnérables. Dans le nord-est, 40 % des structures de santé de l’État du Borno sont hors service à cause du conflit et du manque de personnel. Dans le nord-ouest, les besoins humanitaires augmentent : 96 % des foyers, soit deux millions de personnes dans les États de Katsina, Sokoto et Zamfara, souffrent de privations sévères d’accès aux besoins et services essentiels, révélant une crise humanitaire alarmante.

Dans les États de Borno et Katsina, les services de santé sont sous-utilisés, avec seulement 0,35 à 0,40 consultation annuelle par personne, bien en dessous du standard minimum d’une consultation par an. Une évaluation menée en 2023 par Médecins du Monde et International Medical Corps a identifié des obstacles majeurs à l’accès aux soins : barrières financières, géographiques et sécuritaires.

Dans les camps de déplacés internes, MdM facilite l’accès aux soins en gérant des centres de santé primaires. Ce soutien est crucial pour éviter une aggravation des problèmes de santé. Les conditions de sécurité et la présence d’aides humanitaires influencent fortement l’accès aux soins, mais sans interventions renforcées, les besoins en santé des populations vulnérables resteront largement insatisfaits.

En 2023, notre mission humanitaire au Nigéria a permis de réaliser :

• 178 525 consultations curatives,
• 22 604 consultations prénatales,
• le dépistage de 68 036 enfants de moins de 5 ans pour la malnutrition,
• 1 334 consultations en santé mentale et soutien psychosocial (sessions individuelles et de groupe)
• et la prise en charge de 823 peronnes survivantes de violences liées au genre.