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Le bon traitement, c'est le logement
Une exposition et un livre photographiques de Pascal Bachelet & Médecins du Monde
© Pascal Bachelet
L’ORIGINE DU PROJET
En novembre 1993 à Paris, alors que les températures moyennes sont de -5,4°, des centaines de personnes dorment à la rue faute de places d’hébergement. En réaction à cette saturation des dispositifs parisiens, Médecins du Monde installe une grande tente sur un trottoir du Xème arrondissement afin d’offrir une prise en charge minimale aux personnes concernées. Un appel à la solidarité et à la mobilisation des Parisien.ne.s est également lancé.
Le programme « SDF », devenu ensuite « Pas de Santé Sans Toit » est né.
Depuis, Médecins du Monde intervient presque quotidiennement auprès des personnes sans-abri parisiennes pour leur offrir une écoute, une considération et un accompagnement médico-social. Depuis 30 ans également, Médecins du Monde ne cesse d’alerter l’opinion publique et les autorités sur les carences des dispositifs d’accueil et de prise en charge des personnes à la rue à Paris.
Malgré quelques victoires, force est de constater que la situation des personnes en très grande précarité reste aujourd’hui dramatique. En effet, selon la Fondation Abbé Pierre, plus de 330 000 personnes sont sans domicile fixe en France, deux fois plus qu’il y a dix ans. La situation est d’autant plus inquiétante que la santé des personnes vivant à la rue est extrêmement dégradée, en raison des conditions de vie en errance et des nombreuses barrières à l’accès aux droits et aux soins.
Ne l’oublions jamais : l’espérance de vie des personnes à la rue est seulement de 48 ans, contre 80 ans pour le reste de la population.
A l’occasion de ces trois décennies d’engagement auprès des personnes à la rue, Médecins du Monde organise et publie une exposition et un livre photographiques, « Le bon traitement, c’est le logement », visant à rappeler l’absolue nécessité de poursuivre la lutte contre le sans-abrisme.
Dans cette exposition et ce livre, quatorze personnes à la rue ou anciennement à la rue et souffrant de problèmes de santé nous partagent leurs difficultés quotidiennes et leur indignation face aux manquements des pouvoirs publics. En parallèle de ces portraits et témoignages, les équipes de Médecins du Monde livrent leurs observations et analyses sur les obstacles à l’accès aux droits et aux soins des personnes à la rue.
Notre message rejoint celui de Rabah, Justine, Mohamed, Rabah, Sophie, Daniele, Gustave, Djia, Manuel, Kévin, Yannick, Ibrahima, Anne, Mike et Ismaël : il est urgent de mettre fin au sans-abrisme et de permettre à tous et toutes d’accéder à ses droits fondamentaux que sont la santé, l’hébergement et le logement.
Pascal Bachelet
Photoreporter, Pascal Bachelet veut témoigner, partager, donner à voir et à comprendre la réalité de la vie à travers des sujets de société. Ses photos sont diffusées par les agences BSIP – Getty et par des magazines d’actualité.
SE PROCURER LE LIVRE
Si vous êtes basé.e à Paris et que vous souhaitez vous procurer le livre :
- Il est disponible tous les mercredis de 14h à 18h30 dans les locaux de Médecins du Monde Ile-de-France (15 boulevard de Picpus, 75 012 Paris).
- Il peut être disponible sur demande à Paris, en prenant RDV via l’adresse mail suivante : sdf.paris@medecinsdumonde.net
Si vous n’êtes pas basé.e à Paris et que vous souhaitez vous procurer le livre : Vous pouvez le commander en ligne.
Si vous souhaitez plus d’informations sur le livre :
- Guillemette Soucachet, Coordinatrice « Pas de Santé Sans Toit » : guillemette.soucachet@medecinsdumonde.net / 06 09 68 01 64
- Pascal Bachelet, Photographe : pascalbachelet@yahoo.fr / 06 11 12 74 56
EXTRAIT DU LIVRE ET DE L’EXPOSITION
Justine, 35 ans
“Je suis arrivée à Paris il y a plus de deux ans, et depuis je dors régulièrement dans la rue. A chaque fois, j’essaye de choisir des endroits où je peux être un peu en sécurité, pour éviter les agressions sexuelles. Dans ce parc, j’ai passé beaucoup de temps : en journée, j’étais souvent sur ce banc, et la nuit, j’allais plus loin, derrière les buissons. Je suis atteinte de vascularite : mon sang circule mal, ça crée des inflammations et des douleurs articulaires. A l’hôpital, on me demande d’avoir le pied au repos au maximum, pour que le sang puisse mieux circuler. Mais comment je fais moi pour être au repos en n’ayant aucun endroit où me poser ? Dans mon sac, j’ai toujours ce classeur. Il regroupe toutes les adresses où je suis allée et où je continue à aller pour avoir une couverture maladie, et pour tenter d’être soignée. Il y en a des dizaines ; certaines ont été utiles, d’autres moins, dans certaines j’ai été bien accueillie, dans d’autres non.”
Gustave, 84 ans
“ J’ai 84 ans, je suis à la rue depuis plus de vingt ans. Je vis dans une tente à côté du périphérique. J’ai été violemment agressé à la rue il y a 3 ans. J’ai eu des côtes cassées, j’ai dû passer deux mois à l’hôpital. Depuis, ma santé est beaucoup moins bonne, je dois avoir une béquille en permanence. Elle m’aide à me déplacer et à supporter mes douleurs au dos et aux jambes. Après l’agression, une paroisse m’a autorisé à dormir ici, dans cet espace extérieur fermé. J’aime y peindre, et je préfère être ici qu’en maison de retraite. J’ai besoin de me sentir en sécurité, surtout après cette agression.”
Kevin, 28 ans
“ Pendant trois ans, j’ai dormi dans plusieurs endroits : parfois chez ma copine, parfois dehors, parfois sur des quais de gare. En fait, je ne dormais pas parce qu’il fallait en permanence être vigilant. La rue, c’est stressant et ça fait peur ; on m’a déjà menacé de mort, frappé et volé. Quand j’étais sans-abri, je fumais tout le temps des clopes, et je buvais quatre-cinq bières par jour. J’étais angoissé, ça me calmait. Et puis je ne prenais pas mes médicaments, des médicaments qui m’aident à être apaisé, parce que je me disais qu’ils ne me faisaient pas d’effet. Maintenant que j’ai un hébergement, j’ai tout réduit et j’ai repris mon traitement psy. Mais je suis dans une chambre d’hôtel en banlieue, je ne l’aime pas, elle est insalubre. Ça fait sept ans que je suis sur liste d’attente pour un logement social. J’aimerais bien avoir mon logement. ”
Dija, 28 ans
“ J’ai dormi sous ce pont pendant plusieurs mois, sur un matelas. Beaucoup de choses se sont passées ici, des moments de bonheur comme des moments de grande tristesse. Toutes les personnes qui vivaient ici ont été virées par la Mairie. Moi, parfois, je reviens là pour boire de l’alcool, caché. Pourtant, je le sais, l’alcool, ça me réussit pas, ça m’énerve ou ça me rend trop calme. Ma blessure à la main, c’est à cause de l’alcool, je me suis coupé avec du verre. Mais j’ai un vrai vécu avec l’alcool, ça fait maintenant presque dix ans que je bois. Mais ce que je dis, c’est que dans la vie, il ne faut pas voir l’alcoolique comme quelqu’un de méchant ou de mauvais. Il faut essayer juste de le découvrir, de comprendre qui il est derrière la bouteille qu’il tient.”
Mike, 26 ans
“J’ai dormi trois ans à la rue. L’année dernière, j’avais trouvé un logement, mais au bout de quelques mois, je ne pouvais plus payer mon loyer donc je suis de nouveau sans-abri. A la rue, on m’avait volé ma carte vitale, c’était trop compliqué de la refaire sans adresse, sans perspective. Du coup, je n’ai pas pu me faire soigner pendant plusieurs mois, ça a impacté ma santé. Quand j’ai eu mon logement, je me sentais beaucoup mieux : je n’avais plus froid, je dormais bien, mon dos allait beaucoup mieux. Et comme j’étais stabilisé, j’ai pu refaire tous les papiers que j’avais perdu. Aujourd’hui, je fais tout pour retrouver mon logement.”
Samir, 49 ans
“ Je suis à la rue depuis plus d’un an, depuis que le plafond de l’appartement s’est écroulé. La nuit, je dors dans le café où travaille mon frère, sur un fauteuil. Le matin, je sors avant que les clients arrivent, et le soir je rentre une fois que les clients sont partis. J’ai une maladie intestinale depuis des années. Ne pas avoir de “ chez soi ” avec cette maladie, c’est compliqué, voire dangereux : je dois changer ma poche dans des toilettes publiques qui ne sont pas propres ou avec mes mains sales, et ça peut créer des infections. Ce qu’il me faudrait, c’est un logement : alors, je pourrai me reposer, prendre une douche, ranger mes papiers quelque part et prendre soin de moi. Et je n’aurai plus à avoir tout ce matériel en permanence sur moi.”
Sophie, 50 ans
“ J’ai vécu à la rue à Paris pendant vingt ans. A l’époque, y’avait beaucoup moins de personnes sans-abri, alors quand t’appelais le 115, t’avais directement un lit dans un foyer pour une semaine. Maintenant, t’as rarement de la place et quand t’en as, c’est maximum pour une nuit. En 1997, j’ai été agressée dans la rue, et j’ai perdu mon oeil gauche. Aujourd’hui, j’ai un logement, mais même si je suis jeune, je paye les conséquences de mes années à la rue : j’ai de l’arthrose dans le bas du dos, j’ai souvent des douleurs aux tendons et je fais régulièrement des bronchites. Malgré tout, je suis beaucoup mieux qu’avant, dans le sens où je suis stabilisée, et cette clé me le rappelle tous les jours. Cependant, la majorité de mes copains avec qui j’étais dans ces années-là sont morts des conséquences de la vie à la rue. Le logement et les soins devraient être accessibles à tous et toutes.”