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Colombie

© Quentin Top

7,7 millions

de personnes en situation de besoin humanitaire en 2023.

6,3 millions

de personnes ayant besoin de soins de santé.

500 000 PERSONNES

ont traversé le « Tapón del Darién » entre janvier et décembre 2023.

181  

leaders sociaux et défenseurs des droits humains assassinés en 2023.

Face aux urgences, Médecins du Monde mène divers programmes d'aide humanitaire. Découvrez nos actions et missions en Colombie ci-dessous.

LA SITUATION HUMANITAIRE EN COLOMBIE

En Colombie, après des décennies de conflit entre l’État et les différents groupes armés, et malgré la signature des accords de paix en 2016, des conflits internes toujours plus complexes perdurent. Les droits des populations civiles, notamment en zone rurale, sont toujours menacés et bafoués par différents groupes armés… L’épidémie de Covid-19, les catastrophes naturelles et climatiques et des flux migratoires mixtes n’ont fait qu’amplifier ces difficultés, en particulier dans les zones géographiques reculées où l’État est peu voire pas présent et l’accès humanitaire reste encore un défi.

Notre mission humanitaire en Colombie repose donc sur plusieurs axes, de la défense des droits humains à l’établissement d’un plan d’aide médicale pour pallier le manque de soins.

  • Des conflits aux trop nombreuses victimes

    Au cours de l’année 2023, la tendance aux urgences humanitaires s’est poursuivie, notamment dans la région du Pacifique et le sud du pays, avec une augmentation des affrontements entre les groupes armés non étatiques dans les départements de Nariño, Chocó, Valle del Cauca et Cauca. De plus, 286 cas d’enlèvements ont été enregistrés, ce qui représente une hausse de 72% par rapport à 2022.

     

    Au moins 121 000 personnes ont été victimes de déplacements forcés et de confinement cette année. 50 % des personnes touchées sont des populations indigènes, 30% afrodescendantes et 20 % sont des paysans.

     

    Enfin, au moins 181 leaders sociaux et défenseurs des droits humains ont été assassinés en 2023. Selon les chiffres officiels, on compte aujourd’hui plus de 5 millions de personnes déplacées internes en Colombie.

     

    En raison du contexte sécuritaire, de la géographie du territoire et de la localisation des communautés dans des zones reculées, l’accès humanitaire représente un défi. On estime que près de 8 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, dont 2 millions se trouvent en situation de besoin aiguë en raison de la situation sécuritaire et du manque d’accès aux services essentiels.

  • LA PRÉCARITÉ DES POPULATIONS RECULÉES EN COLOMBIE

    Dans les zones rurales isolées des départements de Putumayo, Amazonas, Nariño, du Cauca, du Valle del Cauca et du Chocó, le premier centre de santé est parfois à plusieurs heures de marche ou de pirogue.

     

    Même si plus de 95% de la population est affiliée au système de santé de la sécurité sociale colombienne, il existe un écart important entre la couverture théorique et l’accès réel aux services de santé. Ceux-ci sont souvent inaccessibles en raison de conditions géographiques complexes, du manque d’infrastructures adéquates, de la pénurie de personnel de santé et de la présence de groupes armés dans les territoires.

     

    Selon les données du HRP, nous estimons à 6,3 millions le nombre de personnes ayant des besoins en matière de santé en 2023, dont près de 2 millions d’enfants. Nous constatons également une augmentation des suicides, des idées ou des comportements suicidaires dans les communautés indigènes d’Antioquia, du Chocó et du Cauca.

  • 5 millions

    de personnes déplacées internes.

5 millions

de personnes déplacées internes.

  • LES FEMMES ET MINORITES SEXUELLES, PREMIERES VICTIMES DU CONFLIT

    En Colombie, la violence liée au genre augmente considérablement pendant et après les situations de crise ou d’urgence, ce qui a de graves conséquences sur la santé des femmes (notamment afrodescendantes et indigènes) et des jeunes filles. 43 femmes sur 100 touchées par le conflit armé interne ont été victimes de différentes formes de violence liée au genre. A cause du manque d’éducation et d’opportunités, la pauvreté et les difficultés d’accès aux services de santé, elles sont plus vulnérables aux différentes formes de violence.

     

    D’autre part, les acteurs armés continuent d’utiliser dans certains cas la violence sexuelle pour intimider la population et les membres d’autres groupes avec lesquels ils sont en conflit au sujet de territoires et déposer une plainte formelle dans ce contexte est souvent très difficile.

     

    Par ailleurs, l’absence de reconnaissance et de protection juridique des droits des personnes LGBTIQ+ peut constituer un obstacle à l’expression ouverte et libre de leur identité de genre et de leur orientation sexuelle, ce qui rend plus difficile une réponse adéquate à leurs besoins en matière de santé.

  • DÉPÉNALISATION DE L’AVORTEMENT

    Bien que cette décision soit historique, l’accès à l’IVG reste entravé par de nombreux obstacles. Ces obstacles sont particulièrement présents dans les régions les plus vulnérables. Parmi les principales difficultés, on note une méconnaissance du cadre juridique et une interprétation restrictive de celui-ci par les autorités. Le personnel de santé manque également de formation technique, juridique et en matière de droits de l’homme. De plus, la forte stigmatisation sociale, le manque d’information et le déficit d’infrastructures offrant ce service compliquent encore davantage l’accès à l’IVG.

  • CRISE MIGRATOIRE VENEZUELIENNE

    La Colombie est le premier pays d’accueil de la population migrante vénézuélienne avec 2,8 millions de personnes sur son territoire. Seulement 20 % d’entre elles ont accès aux services de santé et de protection sociale. Les réseaux d’exploitation sexuelle, le trafic de drogue et le recrutement forcé affectent particulièrement les personnes migrantes.

     

    Par ailleurs, en 2023, plus d’un demi-million de personnes ont traversé le « Tapón del Darién », une jungle marécageuse à la frontière entre la Colombie et le Panama, connue comme l’un des parcours migratoires les plus dangereux au monde.

     

    Elles n’étaient que 8 000 à l’avoir traversé en 2020, puis 240 000 en 2022. Durant ce parcours qui dure entre 4 et 10 jours, elles risquent leur vie au quotidien. En effet, les personnes migrantes sont exposées aux maladies, à des violences physiques et sexuelles et à l’extorsion par des groupes criminels.

     

    La plupart des personnes migrantes sont vénézuéliennes, haïtiennes et équatoriennes (en octobre 2023, elles représentaient 84% de celles ayant effectué la traversée dans l’année), mais aussi des personnes originaires d’autres continents comme l’Asie et l’Afrique.

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NOTRE AIDE HUMANITAIRE EN COLOMBIE

L’aide humanitaire de Médecins du Monde en Colombie a pour objectif de rendre effectif l’accès aux soins pour les populations affectées par les conflits tout en appuyant les structures locales et en renforçant le système de santé grâce à nos actions de plaidoyer.

  • Le consortium humanitaire MIRE +

    Depuis les accords de paix, Médecins du Monde a renforcé ses activités en zone rurale afin d’apporter une réponse d’urgence en cas de pic de violences, notamment lors d’attaques de groupes paramilitaires, de déplacements massifs et de confinement des populations.

     

    La création du consortium humanitaire MIRE+ (Mécanisme intersectoriel de réponse aux urgences) permet une prise en charge globale et multisectorielle en matière de santé, de WASH (Water, Sanitation and Hygiene), de protection, d’abri et de nourriture en partenariat avec deux autres ONG internationales.

     

    L’action de Médecins du Monde se concentre principalement sur les soins de santé primaires d’urgence, notamment la médecine générale, la santé sexuelle et reproductive et la santé mentale et le soutien psychosocial auprès des populations les plus touchées.

     

    L’idée et de se coordonner avec les autorités locales, et d’impliquer les institutions existantes afin de générer des processus de pérennisation de l’action. Le consortium MIRE+ se distingue non seulement par sa portée territoriale, mais aussi par son rôle unique dans la gestion des crises. Il relie la réponse d’urgence aux deux phases suivantes : le relèvement précoce des communautés touchées par la crise et la phase de développement. MIRE+ facilite également la mise en relation des communautés affectées par le conflit avec divers acteurs, tels que les ONG, les Nations Unies, et les autorités locales et nationales. Cela permet de concrétiser le triple lien entre l’humanitaire, le développement et la paix.

  • METTRE UN TERME AUX VIOLENCES LIÉES AU GENRE ET GARANTIR L’ACCES A LA SANTE SEXUELLE ET REPRODUCTIVE

    Médecins du Monde met également l’accent sur la protection des victimes de violences sexuelles pour constituer des groupes d’auto-support, et pour garantir une prise en charge globale et respectueuse des droits dans les établissements sanitaires de Nariño, Cauca, Valle del Cauca, Chocó et Amazonie.

     

    Les projets comprennent des ateliers destinés aux communautés, aux institutions de soins de santé et aux dirigeants communautaires sur des questions comme la violence domestique, la violence liée au genre, la violence sexuelle, et les voies d’identification, d’accompagnement et de signalement.

     

    Par ailleurs, tous les professionnels de santé des équipes en Colombie sont formés pour informer les bénéficiaires sur la procédure d’accès à l’IVG et les soins de suivi, pratiquent l’IVG médicamenteuse jusqu’à 12 semaines et réfèrent les patientes après 12 semaines.

     

    De plus, Médecins du Monde (via la Fondation Médecins du Monde) soutient financièrement le mouvement Causa Justa créé en 2018 par la Mesa por la Vida y la Salud de las Mujeres, un collectif féministe militant pour les droits sexuels et reproductifs. Ce partenariat permet d’une part de prolonger les actions entreprises par ce mouvement et de les appuyer dans la mise en œuvre effective du nouveau cadre réglementaire en Colombie.

  • SOIGNER LES PERSONNES MIGRANTES

    Médecins du Monde soutient de nombreuses personnes à différents points de la route migratoire dans tout le pays.

     

    Les projets de prise en charge de la population migrante en 2023 se sont concentrés à Cali et Ipiales, dans la zone frontalière de la Colombie avec l’Équateur. Ils ont comme objectif d’accompagner les populations les plus à risque (mineurs, personnes travailleuses du sexe, victimes de traite, …), et assurer une prise en charge sanitaire et psychosociale pour les personnes migrantes en transit.

     

    En octobre 2023, face à la crise humanitaire sans précédent dans le Darién, nos activités y ont été réorientées : les équipes sur place offrent un accès aux soins de santé primaire, en santé sexuelle et reproductive et en santé mentale et soutien psychosocial ainsi qu’aux informations et actions d’auto prévention essentielles pour la santé des personnes en mobilité qui s’apprêtent à traverser la jungle du Darién.

  • SOIGNER LES POPULATIONS ISOLEES DANS LES REGIONS PACIFIQUE ET AMAZONIE

    Dans la région Pacifique, Médecins du Monde travaille actuellement en partenariat avec la fondation italo-colombienne Monte Tabor, qui fournit des services de santé dans les zones prioritaires des départements d’Antioquia, Chocó et Cauca à bord d’un bateau hôpital.

     

    Les équipes y fournissent des services de soins de santé primaires, y compris en santé sexuelle, reproductive et mentale. Les équipes de Médecins du Monde renforcent les systèmes institutionnel et communautaire dans le domaine de la santé, à travers l’établissement de maisons de santé interculturelles, la mise en place et la pérennisation de systèmes de suivi épidémiologique et la formation d’agents de santé communautaires en lien avec les universités de médecine.

     

    Dans la région amazonienne, une intervention est menée depuis 2022 pour répondre aux besoins des communautés des départements d’Amazonas et de Putumayo. Les capacités institutionnelles et communautaires ont été renforcées à travers un soutien à la consolidation des plans de contingence et des protocoles de soins, à la diffusion du plan de vaccination et à l’articulation du cadre institutionnel avec les Comités de surveillance épidémiologique à base communautaire – COVECOM.

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UNE TERRE OÙ LA TERREUR PERSISTE

Le 24 novembre 2016, au terme de 52 ans de conflit armé, responsable de 220 000 morts, 40 000 disparus et 6 millions de déplacés, un accord de paix a été signé entre le gouvernement colombien et les FARC.

Malgré des améliorations notoires, la violence liée à « la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental » persiste en Colombie. Le conflit s’est extrêmement complexifié avec la démultiplication des acteurs en lice qui se disputent le contrôle des territoires. Au moins trois groupes armés (ELN, Dissidences des FARC, Clan del Golfo (anciennement appelé Autodefensas Gaitanistas de Colombia) ainsi que leur nombreuses sous-branches continuent de provoquer la terreur et la mort parmi la population civile et notamment en zone rurale.

En 2023, malgré la politique de paix totale du nouveau gouvernement et les avancées dans le dialogue avec l’ELN, la situation humanitaire continue de se détériorer et la présence de groupes criminels dans plusieurs régions du pays a augmenté. De nombreux efforts restent à mener pour répondre à l’urgence humanitaire en Colombie, en rétablissant l’accès aux soins dans les zones rurales touchées par le conflit, et en réintégrant les guérilleros à la vie civile.

Colombie : dans la jungle du conflit

Bilan :

En 2023 , nous avons :

  • pris en charge 30 549 bénéficiaires,
  • dispensé 49 199 consultations en soins de santé primaires,
  • dispensé 10 843 consultations en santé sexuelle et reproductive,
  • effectué 11 184 consultations en santé mentale et soutien psychosocial,
  • conseillé et/ou fourni un accompagnement juridique à 400 personnes,
  • formé 266 agents de santé communautaires.
  • 30 549

    bénéficiaires en 2023.

  • 4 038 999

    Budget 2023.

30 549

bénéficiaires en 2023.

4 038 999

Budget 2023.

Historique
  • 1987

    Médecins du Monde commence à travailler avec les indiens Apaporis.

  • 1994

    Début d’un programme avec les enfants des rues. Fermeture en 2000.

  • 1997

    Intervention dans le département du Chocó affecté par le conflit armé. Fermeture en 2011.

  • 2003
    Fin du programme auprès des indiens, intervention dans le département du Meta affecté par le conflit armé.
  • 2010

    Début de l’intervention dans le Nariño.

  • 2016

    Accord de paix signé avec les FARC et début de réflexion sur l’adaptation des actions.