RDC : Les ONG appellent à la cessation des hostilités & au respect du droit international humanitaire
© Olivier Papegnies
Le vendredi 3 mai, une attaque meurtrière a directement touché des sites de personnes déplacées accueillant plus de 55 000 familles autour de Goma, dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Les organisations internationales non gouvernementales (ONGI) qui participent activement à la réponse humanitaire dans le pays appellent d'urgence toutes les parties au conflit à respecter la nature civile des sites de personnes déplacées, à protéger les civils et à permettre la poursuite de l'aide vitale aux populations touchées qui ont toujours un besoin urgent d'assistance.
C’est la troisième fois qu’un site de personnes déplacées est bombardé sans discrimination en moins de six mois, tuant au moins 18 personnes et en blessant 32 autres. Les ONGI condamnent fermement ce bombardement aveugle qui contrevient au droit international humanitaire.
Les camps de déplacés surpeuplés ne sont plus des espaces sûrs pour la population civile, en particulier pour les femmes et les enfants. Outre les bombardements aveugles, la proximité de l’artillerie lourde avec les camps et la présence généralisée d’éléments armés à l’intérieur des sites ont entraîné une augmentation des incidents sécuritaires mettant en danger à la fois les populations touchées et les travailleurs humanitaires.
Les combats se sont également intensifiés dans la province voisine du Sud-Kivu, où plus de 500000 personnes déplacées hébergées à Minova sont également exposées au risque de bombardement et à l’insécurité, ce qui entraîne des déplacements forcés récurrents. Après avoir fui des violences extrêmes, les hommes, les femmes et les enfants arrivent sur les sites dans des conditions financières, physiques et psychologiques désastreuses, pour ensuite être confrontés à des risques supplémentaires, notamment aux violences sexuelles et sexistes, en raison de la présence d’éléments armés.
L'insécurité entrave quotidiennement l'accès de l'aide humanitaire, privant ainsi la population de l'assistance dont elle a tant besoin.
Bien que les organisations humanitaires fassent état d’un nombre croissant d’agressions et de meurtres, y compris une moyenne hebdomadaire de 50 incidents de violence sexuelle et sexiste dans les camps, la situation s’est considérablement aggravée. Rien qu’en avril, plus de 5 000 personnes ont demandé un soutien psychosocial dans les camps 1 et 2 de Lushagala, et un grand nombre d’entre elles ont signalé des violences sexuelles en moins de 72 heures. De plus, l’insécurité entrave quotidiennement l’accès de l’aide humanitaire, privant ainsi la population de l’assistance dont elle a tant besoin.
Les ONGI n’ont cessé de plaider pour la protection des civils alors que le conflit au Nord et au Sud-Kivu s’intensifie au mépris total du processus de paix de Luanda. Au cours du premier trimestre 2024, la moyenne mensuelle des tirs d’artillerie a fait deux fois et demie plus de victimes civiles que fin 2023.
Alors que les attaques aveugles sur les sites de déplacement deviennent plus fréquentes, le bilan humanitaire a atteint un point de rupture tandis que l’acheminement de l’aide devient plus difficile. Ce n’est pas le moment de détourner le regard. Nous appelons à la cessation immédiate des hostilités et nous demandons à toutes les parties au conflit de respecter le droit international humanitaire et de protéger les civils.
La communauté internationale a la responsabilité d’utiliser d’urgence tous les moyens diplomatiques à sa disposition pour faciliter une solution politique au conflit. Les différentes parties au conflit doivent protéger la population, les installations civiles et permettre un accès humanitaire neutre et impartial, sûr et sans entrave afin que la population, actuellement en situation de vulnérabilité puisse être prise en charge.
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Notes aux rédacteurs
- - C'est la troisième fois qu'un site de déplacement est bombardé sans discrimination en moins de six mois (INSO).
- - 500 000 personnes déplacées sont actuellement hébergées à Minova (OCHA).
- - Pour le seul mois d'avril 2024, plus de 5 000 personnes ont demandé un soutien psychosocial dans les camps 1 et 2 de Lushagala, un grand nombre d'entre elles ayant signalé des violences sexuelles en moins de 72 heures (ACF).
- - Au cours du premier trimestre 2024, la moyenne mensuelle des tirs d'artillerie affectant les infrastructures civiles a plus que doublé par rapport à la fin de l'année 2023 (INSO).
- - Le 3 mai à 9h30 du matin, au moins cinq obus ont touché des sites de déplacement à Goma accueillant plus de 55 000 ménages, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.
- - Les organisations humanitaires ont signalé un nombre croissant d'agressions et de meurtres, y compris une moyenne hebdomadaire de 50 violences sexuelles et sexistes à l'intérieur des camps, selon le PAM.