Dunkerquois : l’État enclave et isole les personnes exilées
© Jerome Sessini
Le 7 décembre dernier, 500 personnes exilées ont été expulsées du campement de Loon-Plage, un lieu de vie informel situé près de Dunkerque. Cette expulsion policière de grande ampleur a forcé les personnes exilées à se déplacer sur la commune de Mardyck. Aujourd’hui, elles survivent dans des conditions toujours plus dangereuses et précaires sur un terrain SEVESO appartenant au Grand port autonome de Dunkerque.
Ces expulsions et déplacements forcés sont organisés par la sous-préfecture et les opérations successives s’accompagnent de mesures coercitives. Le jour même de l’expulsion du 07/12/2022, l’accès au campement est définitivement bloqué.
Les personnes exilées et les associations, dont l’association mettant à disposition de l’eau potable, n’ont donc pas d’autre choix que de se déplacer vers une nouvelle zone – indiquée par le Port. Une zone limitée, trop petite, avec un long chemin d’accès de 500 mètres à sens unique qui depuis a été labouré le 23/02/23. Les anciens lieux de distribution ont eux aussi été labourés.
Une situation intolérable et indigne organisée par l’Etat.
Ni eau potable, douches, sanitaires, absence de distribution de repas, non-accès au droit, propositions de mises à l’abri inadaptées, absence de collecte des déchets, … Cette situation sur la zone du Port dure maintenant depuis 14 mois – depuis les expulsions d’octobre et de novembre 2021 des alentours du hangar de la Sécherie à Grande Synthe -, contraignant les personnes à vivre sous des tentes, éloignées de tout : il faut parcourir 5 kms pour accéder aux transports en commun et aux premiers magasins, et plus de 16 kms pour se rendre au centre de santé le plus proche. Dans ces conditions, la présence des associations, qui interviennent uniquement pour pallier les carences de l’Etat, est indispensable.
Une situation instable et dangereuse.
Le campement est situé sur une plaine marécageuse, classée zone SEVESO – dont nous avons été témoin de la dangerosité le 20/02/2023 quand un incendie dans une usine de produits chimiques a provoqué la formation d’un nuage de chlore sans que rien ne soit fait pour protéger les personnes. Cette plaine est enclavée de part et d’autre, entre le Canal de Bourbourg, la D601, la rigole creusée, la voie ferrée et les grillages de Total. À n’importe quel moment, les personnes exilées peuvent se retrouver enfermées à l’intérieur si les grilles d’accès au chemin principal du camp venaient à être fermées. De plus, le lieu d’intervention des associations est trop étroit et lui aussi enclavé. A plusieurs reprises des associations se sont retrouvées coincées, sans possibilité de faire demi-tour ou d’évacuer lorsque nécessaire. Enfin, le manque d’issues de secours assez larges représente un réel danger en cas d’urgence pour permettre aux services de secours d’intervenir.
Nos associations qui interviennent au quotidien en soutien des personnes survivant sur les campements du Dunkerquois, dénoncent l’abandon de l’État et des autorités locales, et la mise en danger des personnes. Nous rappelons que les expulsions à répétition et l’enclavement du camp ne font que renforcer la dépendance des personnes exilées par leur précarisation. Nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités et de mettre enfin un terme aux violations des droits fondamentaux et de répondre aux besoins vitaux des personnes.
Associations
- Utopia 56 Grande-Synthe
- Médecins Du Monde
- Refugee Women’s Centre