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En cours de lecture Paris : des vies invisibles
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Paris : des vies invisibles

Articles 23.03.2023

© Nicolò Brugnara

Reportage photographique de Nicolò Brugnara

Rythmée par les démantèlements de campements et les vaines promesses de solutions d’hébergement, aggravée par les politiques répressives, la situation des exilés dans la capitale ne cesse de se dégrader. Médecins du Monde mène depuis plusieurs années un programme de veille sanitaire pour créer, par-delà le rejet et l’indifférence, un lien avec ces personnes et aller les soigner là où elles sont condamnées à vivre. 

« Elles sont isolées parce qu’elles subissent un harcèlement policier. Il y a une stratégie de repoussement en dehors de Paris, d’invisibilisation, ce qui fait que les gens sont en errance, donc plus durs à atteindre, en rupture de soins et en rupture de droits », explique Paul Alauzy, coordinateur de la veille sanitaire.

La veille sanitaire de Médecins du Monde, à laquelle participent des personnels médicaux bénévoles et accompagnants, organise quatre sorties hebdomadaires. Cela permet de soigner une centaine de personnes chaque semaine.

Globalement ces interventions ont lieu dans le nord-est parisien, dans les quartiers de la porte de la Chapelle, de la porte de la Villette, de la porte d’Aubervilliers et dans différents squats. « Le lundi soir, c’est une veille un peu particulière, précise Paul Alauzy. Nous intervenons aux côtés de l’association Utopia 56 qui convie les familles et les mineurs isolés exilés qui sont à la rue pour proposer de l’hébergement solidaire ou des solutions d’accueil de nuit. On y voit un public particulièrement vulnérable. »

Les problèmes de santé observés sont liés à la vie à la rue. Parce qu’elles dorment dehors, les personnes sont livrées aux intempéries, au froid, à la malnutrition, au manque de sommeil. Elles sont très affaiblies et exposées aux virus.

La promiscuité sur les campements favorise également les infections dermatologiques. « Il y a des problématiques de pyodermite, des galles surinfectées, poursuit Paul Alauzy. Il y a besoin de soins infirmiers mais c’est très compliqué de les faire en extérieur car il faut allonger les gens et faire des pensements qui demandent du temps. Nos camions de veille sont équipés d’un lit médicalisé. »

Le programme, qui pallie l’absence de prise en charge, n’entend pas se substituer au droit commun. Mais bien continuer à (re)créer de la solidarité et à défendre les droits bafoués des exilés.

Reportage photographique de Nicolò Brugnara

© Nicolò Brugnara

3 015 personnes sans abri ont été recensées à Paris et 618 dans la métropole par la Nuit de la solidarité 2023. Soit une hausse de 16 % par rapport à 2022.

© Nicolò Brugnara

En parallèle de la veille sanitaire du lundi à Paris, plusieurs associations se mobilisent, comme France terre d'asile, qui organise des maraudes. Médecins du Monde a également contribué à monter une permanence d’avocats du Barreau de Paris solidarité.

« L’un des problèmes majeurs, c’est celui de la santé mentale. On constate la violence du départ avec les conditions de conflit dans les pays, la violence du trajet avec des exils qui sont très traumatisants et la violence de l’arrivée en France, quand on est de force maintenu à la rue par les autorités. On a donc une permanence psychologique avec laquelle on essaie de soutenir les personnes. C’est un énorme problème. Toutes les personnes que l’on rencontre pourraient bénéficier de soins de santé mentale. »

Paul Alauzy, coordinateur de la veille sanitaire

© Nicolò Brugnara

Si Médecins du Monde propose des soins primaires et infirmiers de base, sa mission première est d'orienter vers le droit commun pour que les gens puissent être pris en charge dans des structures de santé.

© Nicolò Brugnara

En plein cœur de Paris, la veille sanitaire de Médecins du Monde vient en aide à des famille confrontées à une extrême précarité et à des jeunes livrés à eux-mêmes.

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