Les plus précaires, premières victimes de l’effondrement du système de santé
RAPPORT 2022 DE MÉDECINS DU MONDE
LES PLUS PRÉCAIRES, PREMIÈRES VICTIMES DE L’EFFONDREMENT DU SYSTÈME DE SANTÉ EN FRANCE
Les personnes en situation de précarité sont les premières touchées par la crise du système de santé en France. Les inégalités de santé se creusent et sont renforcées par des accès aux droits et aux soins discriminatoires. C’est le constat que tire Médecins du Monde de son 22ème rapport annuel de l’observatoire de l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France, qui sort ce jeudi 8 décembre.
Près de trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, le système de santé en France est plus que jamais en crise. Toute la population en subit les conséquences, mais les personnes les plus vulnérables sont confrontées à des obstacles supplémentaires pour accéder aux droits et aux soins.
DES OBSTACLES FINANCIERS ET LINGUISTIQUES QUI STIGMATISENT
Les hôpitaux et les permanences d’accès aux soins de santé (Pass) sont saturés, affectés par le manque de moyens et de personnel social et médical. Conséquences ? Les délais de rendez-vous doublent et les patients retardent ou renoncent à leurs soins. Plus d’une personne sur deux reçue en consultation dans un des 14 Centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) de Médecins du Monde (MdM) a un retard de recours aux soins. Les obstacles sont aussi financiers et linguistiques. 97% des personnes reçues par MdM vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire*. Et sur les personnes déclarant avoir renoncé à des soins, plus de 80% le font pour des raisons financières. Dans l’incapacité de payer, elles ne retournent pas à l’hôpital ou reportent leurs soins, aggravant donc leur état de santé. De plus, un tiers des demandeurs d’asile reçus à MdM mentionne la langue comme une barrière d’accès aux soins, mais aussi aux droits, faute d’accès à de l’interprétariat professionnel et à un système de santé inclusif.
8 PERSONNES SUR 10 ÉLIGIBLES À LA COUVERTURE MALADIE N’EN N’ONT PAS
Aide médicale d’État (AME), protection universelle maladie (Puma), complémentaire santé solidaire (C2S)… Les dispositifs de couverture maladie sont multiples et complexes. Antichambres du système de soins, ces droits en santé ne sont que peu connus du grand public, et encore moins par les plus précaires. MdM constate que parmi les personnes reçues en CASO éligibles à une couverture maladie, 8 personnes sur 10 n’en ont pas.*
« L’absence de volonté politique de favoriser un accès aux soins et aux droits pour toutes et tous, et ce peu importe le statut, le genre ou la situation économique, conduit à des renoncements et des retards de recours aux soins qui s’avèrent coûteux d’un point de vue humain et économique », déplore la Dr Florence Rigal, Présidente de Médecins du Monde.
« Médecins du Monde demande la mise en place d’une couverture maladie universelle et effective pour toutes et tous, en métropole et outre-mer», déclare Florence Rigal. « Il faut fusionner l’AME et la Puma et supprimer les délais de carence comme celui de 3 mois auxquels sont soumis les demandeurs d’asile depuis la réforme de 2019 », détaille-t-elle.
Comment soigner les plus précaires alors que tout notre système de santé est malade ? Pour ne pas créer un système à deux vitesses qui alimente la stigmatisation, les hôpitaux publics et les Pass doivent être financés à la hauteur des besoins sur les différents territoires. L’Etat doit permettre un accès aux soins à toutes et tous, et ce quel que soit le statut des personnes. Ne l’oublions pas, la santé est un bien commun essentiel.