Mexique : les droits fondamentaux des personnes migrantes bafoués à la frontière
À Ciudad Acuña, à la frontière nord du Mexique, un campement où vivaient des dizaines de milliers de personnes migrantes, venant majoritairement d’Haïti, a été entièrement évacué par la police aux frontières étasuniennes le 24 septembre dernier. Depuis, 2 000 personnes ont été expulsées par avion sur décision du gouvernement américain, renvoyées de force en Haïti, et 8 000 sont retournées volontairement au Mexique. Médecins du Monde alerte sur l’usage de la violence aux frontières et le non-respect des droits fondamentaux des personnes migrantes.
« Les Etats-Unis font le choix délibéré du recours à la force pour expulser des personnes dans un pays en pleine crise politique et humanitaire. On les renvoie vers des situations potentiellement dangereuses alors qu’ils et elles auraient le droit de déposer une demande d’asile aux États-Unis« , dénonce Daniel Calzada, représentant de Médecins du Monde au Mexique.
Pour l’ONG Médecins du Monde, présente au Mexique depuis plus de 25 ans, ce phénomène migratoire n’est malheureusement pas nouveau. Les personnes migrantes venant principalement d’Amérique centrale (Honduras, Cuba, Guatemala, Salvador) et plus récemment d’Haïti mais aussi du continent africain fuient la violence, l’insécurité et la pauvreté à la recherche de sécurité, de paix et d’une vie meilleure aux Etats-Unis.
A Tapachula, frontière sud du pays, 40 000 personnes migrantes restent « bloquées » dans l’attente de l’examen de leur situation, espérant pouvoir demander l’asile au Mexique ou un visa humanitaire leur permettant de traverser le pays jusqu’à la frontière nord en toute légalité. Les demandes de processus d’enregistrement réalisées à Tapachula représentent 70% des demandes faites au Mexique. Souvent arrivées après un long périple éprouvant et périlleux, ces personnes sont confrontées à des barrières administratives les condamnant à survivre sans moyen, ni logement dans des conditions de vie extrêmement précaires impactant fortement leur santé physique et mentale.
« Tapachula est devenue un véritable goulot d’étranglement au niveau des procédures administratives. Présents à cette frontière mais également tout au long du parcours migratoire depuis la Colombie, nous témoignons au quotidien du non-respect des droits fondamentaux des personnes et des conséquences de cette militarisation des frontières », ajoute Daniel Calzada.
Tapachula est une prison pour les exilés qui subissent de plein fouet une violence étatique et institutionnelle du gouvernement du président M. Lopez Obrador.
La politique discriminatoire et répressive mise en place par le gouvernement américain et in fine par le Mexique fragilise les conditions de vie et l’état de santé des personnes que Médecins du Monde et ses partenaires sur le terrain accompagnent. L’association condamne tout traitement inhumain des personnes par l’usage de la force et le non-respect des procédures pour leur demande de droit d’asile.