Médecins du Monde alerte sur les entraves à l’accès aux soins en France
A l’occasion de la sortie de son rapport annuel de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins, l’association de solidarité Médecins du Monde, en première ligne dès le début de la crise Covid-19, alerte sur les entraves à l’accès aux soins en France alors que l’épidémie reste préoccupante.
Malgré la mise en place initiale par les pouvoirs publics de certains dispositifs spécifiques pour les personnes précarisées (prolongement de la trêve hivernale, de droits sociaux, accès à l’eau dans les bidonvilles, financement des démarches d’aller-vers, augmentation des capacités d’hébergement etc.), les obstacles à l’accès aux droits et aux soins demeurent importants en France. Médecins du Monde a pu constater et constate encore et toujours ces entraves à travers ses 56 programmes dans l’Hexagone et en Outre-mer.
Un été marqué par les expulsions
S’il y a eu une diminution des expulsions par les autorités pendant la première période de la crise sanitaire -à l’exception du Nord-Littoral-, cette situation est aujourd’hui radicalement différente. Depuis le 31 mai 2021, fin de la trêve hivernale, le nombre d’expulsions d’habitats informels a augmenté, à l’encontre de tout impératif de santé publique et de protection de la santé individuelle des personnes. On dénombre 128 expulsions de bidonvilles, squats, campements en France soit 3 633 personnes expulsées, depuis le 1er juin.
En pleine crise sanitaire, le 31 août dernier, le bidonville du Mas Rouge à Montpellier, où 106 personnes vivaient, a été expulsé sur décision du préfet de l’Hérault détruisant des années de travail d’insertion des associations.
« Les expulsions, sans relogement adapté et pérenne, provoquent une rupture des liens des personnes avec les structures de soins et les associations qui les accompagnent, augmentant les risques d’exposition au virus », souligne, Dr. Carine Rolland, présidente de Médecins du Monde.
La crise a montré à quel point les conditions de logement sont déterminantes pour la santé des personnes et que les pouvoirs publics se devaient de mettre en place des mesures pour répondre à ces enjeux. Il est urgent d’en tirer les leçons.
L’inégalité vaccinale
Aujourd’hui, certaines régions peinent à vacciner l’ensemble de la population faute de moyens et de mesures adaptées. Le manque et l’inadaptation d’une information sur la pandémie axée sur l’injonction, l’isolement, les barrières de la langue, les obstacles administratifs, l’exclusion numérique sont autant de freins qui contribuent à un non-recours aux soins, à la prévention et à la vaccination.
Le Passe sanitaire, obligatoire depuis le 9 août dans les services et établissements de santé pour les patient.e.s de soins dits « non programmés », entrave l’accès des publics précaires n’ayant pas pu l’obtenir (barrière numérique, information, etc) et limite leur accès aux seules PASS (permanences d’accès aux soins de santé) ou aux services des urgences déjà saturées.
Médecins du Monde considère l’usage du Passe sanitaire dans l’accès aux services publics tels les hôpitaux comme un facteur de renoncement et de recours tardif aux soins, incompréhensible et discriminatoire en période de crise sanitaire.
Ces derniers mois nous ont montré l’enjeu de préserver notre système de santé, de défendre un accès à la prévention, aux soins et aux droits pour toutes et tous sans discrimination au regard du lieu de vie, ni du statut administratif, ni de son parcours ou de ses pratiques. Pour la santé de toutes et tous, la protection maladie doit être universelle, inclusive et de qualité. La santé est un bien commun, alors défendons là : préservons nos hôpitaux et notre système de soin, mettons en place une couverture maladie vraiment universelle, luttons contre les monopoles pharmaceutiques, exigeons la transparence des coûts de recherche et développement, … n’attendons plus !