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Violences dans l’est de la RDC : la situation humanitaire est catastrophique

04.02.2025

Suite à l’intensification du conflit opposant le groupe armé M23/AFC à l’armée congolaise au Nord-Kivu ces dernières semaines, et son extension dans la province du Sud-Kivu où on observe une menace imminente de l’arrivée du M23 sur la ville de Bukavu, Médecins du Monde alerte sur les besoins immenses des populations affectées. Elle s’alarme aussi sur les difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire.

Face aux nouvelles offensives du groupe armé M23/AFC dans les villes de Minova et de Goma depuis le 19 janvier 2025, des centaines de milliers de personnes ont à nouveau dû fuir leurs foyers, alors que les capacités d’accueil et d’assistance aux personnes déplacées sont déjà saturées.

Une situation catastrophique

Selon les Nations unies, l’escalade de la violence a déjà provoqué le déplacement de plus de 500 000  personnes depuis le début de l’année au Nord et au Sud-Kivu, qui abritent déjà 4.6 millions de déplacés.

« Dans le Nord et le Sud-Kivu, la situation humanitaire est des plus alarmantes. Au Nord, les 500 000 personnes déplacées qui vivaient dans des camps autour de Goma ont été contraintes une nouvelle fois de fuir dans d’autres camps lors de la prise de la ville par le M23, soit vers le centre-ville ou par la frontière avec le Rwanda. Le dernier bilan fait état de plus de 700 morts et de 1000 blessés à Goma. Au Sud, des milliers de personnes qui vivaient dans des sites de déplacés et dans des familles d’accueil se sont déplacées vers l’intérieur du Sud-Kivu. Dans les aires de santé de Mianda, Kusisa, Matitura et Tushunguti, nos équipes ont enregistré 14 538 personnes entre le 4 et le 15 janvier. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter depuis », s’alarme Helena Ranchal, Directrice des opérations internationales de Médecins du Monde.

Un manque d’accès pour les organisations humanitaires

Elle ajoute : « Les populations sont privées d’accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité (Goma) et aux soins de santé. Et suite à l’insécurité le long des routes et aux risques d’attaques, les organisations humanitaires, dont Médecins du Monde, n’ont pas accès à toutes les zones. Nous sommes donc pour le moment dans l’incapacité d’acheminer des intrants médicaux (équipements hospitaliers, dispositifs médicaux, etc.) et des médicaments essentiels dans les centres de santé et les hôpitaux. La situation est terriblement alarmante: par exemple, la prise en charge des accouchements ne peut se faire de manière optimale, ni l’accompagnement des cas de malnutrition aigüe. Et une fois de plus, ce sont les civils qui en paient le prix».

Pour faire face à cette situation Médecins du Monde lance une réponse d’urgence à travers :

  • La mise en place de cliniques mobiles à Goma et dans les environs pour fournir notamment des soins de santé primaire, en santé sexuelle et des 1ers soins psychologiques.
  • Dans un second temps, le renforcement des structures sanitaires existantes pour assurer une continuité et une pérennité dans la prise en charge des soins pour l’ensemble de la population.

Nous demandons aux parties au conflit de garantir un accès humanitaire sans entrave afin de permettre aux organisations humanitaires comme Médecins du Monde d’assurer l’accès aux soins de santé et à la protection pour les populations affectées. Les personnels et infrastructures humanitaires et de santé doivent être protégés par le droit international humanitaire, en aucun cas les parties au conflit ne peuvent les attaquer. La sécurité de nos équipes et des populations est cruciale pour répondre aux besoins actuels des communautés.

Pour y arriver, un engagement fort de la communauté internationale en faveur des organisations humanitaires est fondamental afin d’acheminer l’aide vitale auprès des personnes qui en ont besoin.

Notre intervention :

Présente en RDC depuis 1994, Médecins du Monde intervient notamment à Kinshasa et dans le Tanganyika.

  • À Kinshasa depuis plus de 10 ans, MdM a mis en place un programme à destination des jeunes et adolescents de la capitale qui permet d’accroitre leur accès à des services de santé sexuelle et reproductive. Notre association mène également un programme en santé et environnement pour sensibiliser les maraichers sur les risques liés à l’usage des pesticides, améliorer l’accès aux soins, veiller à la protection de ces travailleurs et inciter le passage au bio pesticides.
  • Dans la province du Tanganyika limitrophe au Sud Kivu, MdM intervient dans les zones de santé de Kalemie, Niembaet à Nyunzu pour couvrir les besoins de santé de base des populations hôtes et des personnes déplacées internes affectées par les conflits intercommunautaires. L’intervention de MdM vise à garantir l’accès gratuit aux soins de santé primaires, aux soins nutritionnels et aux soins de santé sexuelle et reproductive à travers la dotation d’équipements et approvisionnement en médicaments et matériels médicaux. Le projet permet la gratuité des soins dans les 11 centres de santé.

Médecins du Monde intervient également via un programme d’urgence dans 6 aires de santé (Hauts Plateaux du territoire de Kalehé au Sud-Kivu et à Tushunguti). Nos équipes interviennent dans un contexte de conflits où l’accès humanitaire est réduit. Parmi les différentes actions menées, Médecins du Monde :

  • Apporte des soins de santé primaire et secondaire
  • Assure la prise en charge nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans
  • Assure la prise en charge des services de maternité au niveau des centres de santé et des hôpitaux
  • Améliore les infrastructures sanitaires et l’accès à l’eau dans les centres de soins
  • Assure la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre (et notamment les survivantes de violences sexuelles)

L’organisation mène ces mêmes activités dans les Hauts Plateaux de Mwenga et de Fizi. Depuis décembre 2024, suite aux combats menés sur ces territoires, 75 000 personnes ont dû quitter leurs foyers et se sont réfugiées dans la forêt ou ont été accueillies dans des familles d’accueil vivant elles-mêmes dans une situation de précarité.

Contact presse :