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La crise oubliée des réfugiés Rohinyas

Articles 20.06.2024

© Arnaud Finistre

En ce 20 juin, journée mondiale des réfugié·es, Médecins du Monde appelle la communauté internationale à amplifier son soutien pour toutes les personnes réfugiées dans le monde, et alerte particulièrement sur le sort des populations rohingya.

Rohingyas : une crise qui persiste

En août 2017, plus de 750 000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh à la suite de violentes mesures de répression militaires, c’est-à-dire de massacres qualifiés « d’intention génocidaire », dans l’État de Rakhine, au Myanmar. Ils y ont rejoint des personnes réfugiées rohingyas qui avaient quitté le pays depuis les années 1970. Aujourd’hui, c’est près d’un million de personnes réfugiées rohingyas qui vivent au Bangladesh, la plupart dans le district de Cox’s Bazar, près de la frontière avec le Myanmar, dans ce qui est aujourd’hui le plus grand camp de réfugié·es au monde.

En parallèle, la Malaisie accueille plus de 100 000 personnes Rohingya et près de 20 000 autres ont cherché refuge en Inde. D’autres encore en Thaïlande ou en Indonésie. Partout, ces populations font face à une négation de leur statut de réfugié, et constituent aujourd’hui la communauté apatride la plus vaste au monde.

Les personnes se retrouvent dans un état physique et mental très précaire après des semaines ou des mois de déplacement dans des conditions extrêmes.

Au Myanmar, les violations systématiques des droits humains à l’encontre des Rohingyas et le coup d’État de février 2021 sont venus amplifier cette crise. En avril 2024, le Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme notait des signes très inquiétants d’une recrudescence des atrocités vis-à-vis des personnes Rohingya dans l’Etat du Rakhine¹. Les efforts incohérents et insuffisants déployés pour lutter contre le trafic et la traite des êtres humains dans la région exposent les personnes qui se déplacent à un risque accru de traite à des fins sexuelles ou de travail. À cela s’ajoutent de multiples restrictions à court et à long terme des droits humains et des manifestations de xénophobie et d’islamophobie : refus d’accès aux territoires nationaux, débarquements dangereux, détention indéfinie, déportation et violation du principe fondamental de « non-refoulement », au mépris total de l’accès à la détermination du statut de réfugié.

Les personnes qui fuient les persécutions et qui empruntent les voies maritimes ou terrestres se retrouvent souvent dans un état physique et mental très précaire après des semaines ou des mois de déplacement dans des conditions extrêmes. À leur arrivée dans les pays tiers, les réfugiés qui proviennent du Myanmar ou du Bangladesh sont généralement placées dans des centres de détention, avec une aide limitée pour répondre à leurs besoins de base. La plupart des organisations humanitaires n’ont généralement pas accès aux personnes en déplacement.

Notre intervention auprès des populations Rohingyas

Face à cette situation, Médecins du Monde a ouvert dès 2017 un programme à destination des populations réfugiées au Bangladesh, en partenariat avec plusieurs ONG locales pour permettre d’améliorer leur prise en charge, en particulier en ce qui concerne les violences liées au genre. Au cours de notre intervention, nous avons fait face à de nombreuses difficultés d’accès, et à une dégradation très forte des conditions de vie des populations dans les camps.

Dès 2020, nous avons prolongé notre action auprès des populations réfugiées Rohingya en Malaisie à travers le soutien d’organisations humanitaires locales, pour renforcer leur capacité de prise en charge dans différents États, y compris dans la capitale, notamment par le déploiement de cliniques mobiles. Là aussi, nous avons été confrontés à de nombreux obstacles entravant notre accès aux populations.

Au regard des nombreuses difficultés auxquelles nous avons été confrontés, y compris pour financer les activités dans un contexte de réduction continue de l’aide humanitaire, nous avons été contraints de cesser nos activités au Bangladesh puis en Malaisie.

Ce retrait marque la conclusion d’une période d’engagement sur le terrain pour améliorer les conditions de vie et de santé des réfugiés dans la région. Nous restons, malgré cela, très préoccupés par la situation de ces populations et réfléchissons actuellement à d’autres manières d’agir pour les soutenir.

Malgré nos efforts et ceux d’autres organisations humanitaires, les nombreux défis auxquels font face les personnes réfugiées Rohingya persistent. La détérioration de la sécurité dans les camps de réfugiés, l’absence de perspectives et l’absence de voies de migration légales et sûres poussent les populations réfugiées sur des chemins d’exil dangereux, par voie terrestre ou maritime, qui les exposent à des risques de violences, d’exploitation et de traite.

Crise de réfugiés Rogingyas : Il est urgent d’agir

Médecins du Monde appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts pour soutenir les organisations humanitaires qui répondent aux besoins urgents des personnes réfugiées Rohingyas dans la région.Le sous-financement chronique de la réponse humanitaire met en péril les populations affectées, au Myanmar, au Bangladesh, en Malaisie et dans l’ensemble des pays concernés.

Partout où les populations Rohingya trouvent refuge, il est crucial de garantir leur accès aux soins de santé, de renforcer la protection de leurs droits humains et de promouvoir des solutions durables pour leur intégration et leur sécurité. Pour cela, les acteurs gouvernementaux doivent lever les barrières administratives et permettre l’accès des ONG à ces populations vulnérabilisées, et assurer leur protection.

Nous remercions tous nos partenaires, bénévoles et donateurs pour leur soutien indéfectible tout au long de notre mission.

¹« Pour le Haut-Commissaire, il est « inadmissible » que les Rohingyas soient ciblés de la sorte, « compte tenu des événements effroyables survenus il y a six ans et de l’extrême discrimination dont les Rohingyas font toujours l’objet, y compris le refus de leur accorder la citoyenneté ». Source : ONU Info, 19/04/2021- Myanmar : l’ONU tire la sonnette d’alarme face à la montée des tensions dans l’État de Rakhine.

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